Fatigue, problèmes digestifs, troubles articulaires. Faire le point avec un ostéopathe

Il y a plusieurs années, l’ostéopathie était controversée. On connait surtout ses bienfaits pour soulager les problèmes de dos et des douleurs persistantes. L’ostéopathe s’intéresse aussi au patient avec une approche globale, elle écoute les troubles et les symptômes émis par l’ensemble du corps. Que l’on souffre de fatigue chronique, douleurs articulaires, maux de ventre et autres problèmes digestifs, une consultation est l’occasion de faire un bilan. Chez les personnes souffrant de problèmes non résolus, l’ostéopathe est la voix qui écoute. Elle trouve des solutions, suggère des pistes pour nous amener à explorer d’autres voies. Dans cet article, nous allons voir comment l’ostéopathie soulage et guide le patient. Coralie Ferrières, ostéopathe sur Avignon, répond à mes questions.

Rôle de l’ostéopathe 

Je vous laisse vous présenter :

Bonjour, ostéopathe diplômée depuis 2007, je suis passionnée par mon travail. Il me permet de rencontrer tout type de patient, de tout âge, du nouveau-né aux personnes d’un âge certain, en passant par le sportif, la femme enceinte… Chaque consultation est unique. Elle est l’occasion de mettre toute ma sensibilité en éveil et mon altruisme. C’est avec beaucoup d’humilité, d’écoute et d’empathie que j’exerce ce métier.

L’ostéopathie est un art de soigner qui prend en compte la globalité du patient. Nous partons du principe que toute perte de mobilité dans le corps entraîne la pathologie. La structure osseuse et les organes sont en interrelation permanente. Nos mains sont notre seul outil. Elles nous permettent de diagnostiquer et traiter les dysfonctions. Par des manipulations douces, nous rétablissons ce mouvement que ce soit sur une vertèbre, un estomac, une cheville ou un colon. Nous travaillons certes sur des douleurs osseuses telles que les lumbagos, torticolis, sciatiques… mais également sur des troubles digestifs, gynécologiques, urinaires, des migraines, des troubles du sommeil ou de la fertilité…

C’est une médecine à la fois préventive et curative.

Ce qui signifie que tout le monde peut venir consulter un ostéopathe au cours de sa vie, pour différents motifs (osseux, viscéral, musculaires…).

Comment travaillez-vous ?

Une consultation se déroule en 4 parties et dure environ 45 min.

Il y a l’anamnèse qui est un interrogatoire médical sur les antécédents du patient et sur son motif de consultation. Ensuite, vient la phase d’observation de la démarche, posture et peau (rougeur, boutons…) du patient. Puis la phase de tests où je vais à la recherche des pertes de mouvements dans le corps. C’est en allant palper et mobiliser les os, les organes, les muscles que je vais pouvoir faire un bilan des dysfonctions. Dans un dernier temps, j’analyse toutes ces différentes données et j’établis un plan de traitement. Le but étant de trouver la lésion primaire, c’est-à-dire celle qui est à l’origine des douleurs pour éviter que le problème ne revienne. Je termine ma consultation en expliquant mon traitement et donne des conseils afin d’optimiser la séance et faire en sorte que le problème ne récidive pas.

Pour traiter ces dysfonctions, l’ostéopathe a un arsenal de techniques. Il doit utiliser celle la plus adaptée en fonction de la pathologie de son patient, de son âge, de sa tolérance.

On entend beaucoup parler des ostéopathes qui font « craquer ». Il existe d’autres techniques, beaucoup plus douces et pour autant efficaces pour libérer une dysfonction. Libre à l’ostéopathe de choisir la technique la plus adaptée au moment voulu.

Pour ma part, j’utilise très rarement les techniques qui font « craquer » ; j’opte plutôt pour des techniques tissulaires ou musculaires.

Et je mets l’accent sur la prévention en guidant mes patients vers une prise de conscience de leur corps. Sur la nécessité d’un entretien régulier de celui-ci, telle une voiture qu’on amène chez le garagiste pour faire un bilan sans attendre qu’elle tombe en panne.

Comment l’ostéopathie peut déceler des dysfonctionnements sur certains organes ?

Comme j’expliquais précédemment, l’anamnèse nous donne déjà plusieurs informations et des pistes pour aller vérifier l’état de certains organes. L’observation du patient est également source de pleins d’indices. Pour donner un exemple concret, si on observe la forme du nombril, selon son orientation (haut, bas, droite ou gauche) on va avoir une idée d’une dysfonction plutôt au niveau du foie, de l’estomac, ou de la vessie et cela grâce aux ligaments qui relient le nombril à ces organes.

Mais le plus important reste quand même la palpation des organes (accessible directement pour certains et pour d’autres, on s’adapte). Lors de cette palpation, on fait une sorte d’état des lieux : est-ce que c’est dur, mou, chaud, froid, gros, gonflé… ? Puis, vient la phase « d’écoute », où l’on pose les mains sur l’organe et on ressent l’organe bouger en rythme avec la respiration. Chaque organe a un mouvement qui lui est propre, que nous connaissons. Nous arrivons ainsi à estimer si le mouvement que nous percevons à l’instant T correspond bien à celui que l’organe est censé faire. On mobilise ensuite l’organe dans tous les paramètres de mouvements pour voir s’il est libre. On repère ce qui entrave sa mobilité. S’il bouge mal, on dit qu’il est en dysfonction. Or qui dit perte de mouvement, dit perte de la physiologie.

Consulter un ostéopathe quand on souffre de problèmes digestifs

Quels signes ou symptômes vous amènent à étudier la piste de problèmes digestifs ?

Le plus facile est quand le patient se présente avec ce motif de consultation. Il peut venir pour des diarrhées, des ballonnements, une colopathie fonctionnelle, une maladie de Crohn, un côlon irritable, un reflux gastro œsophagien…

Mais on peut aussi s’interroger sur l’état du système digestif lorsque le patient aborde une fatigue générale, une somnolence post prandiale (après le repas), des troubles du sommeil, des tendinites à répétition, des douleurs articulaires chroniques, une lombalgie (douleur en bas du dos), des céphalées (maux de tête), une dépression…

Quel que soit le motif de consultation, je vais toujours vérifier le système digestif. Il ne peut pas être dissocié du reste du corps.

Et pour les intolérances alimentaires ?

La question se pose lorsque j’ai quelqu’un qui me parle de troubles du transit, que ce soit diarrhées, constipations ou alternance entre les deux. Les ballonnements, les douleurs intestinales sont également des symptômes qui m’y font penser. Mais pas que ! Lorsque je rencontre un patient qui se plaint de douleurs articulaires sans raison mécanique, des tendinites chroniques, des troubles du sommeil, des infertilités… je fais de suite un lien avec une possibilité d’intolérance alimentaire. Car lorsque le corps ingère quelque chose qu’il ne tolère pas, il va y avoir une réaction de défense, une inflammation. Cette dernière a très souvent une résonance directement sur le système digestif. Mais elle peut également rayonner à distance et créer une inflammation tendineuse ou articulaire.

Lors de consultation pédiatrique, les coliques, l’eczéma, le refus du biberon, les diarrhées, une cassure de la courbe de croissance, des reflux, des pleurs inexpliqués… sont autant de symptômes qui me font penser aux intolérances également.

Dès lors qu’il y a une manifestation d’un état inflammatoire, sans notion de traumatisme physique, j’ouvre la case « intolérance alimentaire ? ».

Comment en parlez-vous avec vos patients ?

Je demande aux patients s’ils ont connaissance ou non d’une intolérance ou allergie alimentaire. Dans le cas négatif, je leur demande s’ils ont déjà remarqué que leurs symptômes pouvaient survenir après l’ingestion d’aliments et lesquels. Je les questionne sur leurs habitudes alimentaires, leur consommation de produits laitiers de vache, de gluten…

Lorsque je perçois la possibilité qu’il y a une intolérance, j’explique les conséquences qu’elle pourrait avoir sur l’état du patient. Je fais le lien hypothétique entre la douleur du patient et la réaction du corps.

Je propose aux patients de tester sur une période supérieure à 3 semaines, l’éviction totale d’un produit susceptible de lui faire du mal, puis d’analyser le résultat. Si au bout d’un mois, il n’y a aucun changement, de réintégrer normalement l’aliment. Dans le cas contraire, de limiter voire d’arrêter l’aliment en question et de se rapprocher d’un médecin pour en parler. Éventuellement tester puis se rapprocher d’une nutritionniste, diététicienne ou naturopathe pour savoir comment gérer autrement son alimentation.

Dans le cas d’un doute sur une intolérance au lait de vache chez un bébé, je ne me permets pas de demander aux parents d’arrêter immédiatement leur marque de lait industriel et de basculer sur un lait végétal ou de chèvre. Je leur conseille d’aller consulter leur pédiatre ou généraliste pour en discuter ensemble.

J’y vais toujours avec délicatesse car ce ne sont que des suppositions. Je ne suis pas là pour poser un diagnostic, mais plutôt pour ouvrir une possibilité de piste de recherche.

Comment agir ? Faut-il prendre des médicaments ? Changer son alimentation ?

La première des choses est de s’interroger, d’analyser sa propre digestion en fonction de ce que l’on a mangé, de nos émotions, de nos attitudes.

Dans un deuxième temps, si l’on suspecte une intolérance, il me semble que c’est intéressant de faire un essai de changement alimentaire sur au moins 3 semaines car c’est le temps qu’il faut au corps pour se régénérer.

Je ne prescris pas de médicaments car ce n’est pas de mon ressort (et puis pas toujours dans mes convictions). Je donne néanmoins des conseils en homéopathie et phytothérapie.

Il existe plein d’autres manières de s’alimenter sainement tout en respectant son organisme. Je suis là également pour donner des alternatives alimentaires, tout en conseillant des lectures, des blogs (cf. celui-ci !) ou bien de se rapprocher d’un professionnel de l’alimentation.

En fonction de la situation de chacun sur quoi porter son attention ?

Lors de consultation pédiatrique, les coliques, l’eczéma, le refus du biberon, les diarrhées, une cassure de la courbe de croissance, des reflux, des pleurs inexpliqués… sont autant de symptômes qui peuvent faire penser à une intolérance alimentaire.

Chez un enfant ou adolescent, je suis vigilante aux « maux de ventre », trouble du comportement, de la croissance, céphalée. Des colères répétées peuvent être également le signe d’une dysfonction hépatique (du foie) par surcharge de l’organe.

Chez les adultes, je me réfère à tous les éléments que j’ai décrits plus haut, ceux qui décrivent un état inflammatoire étant les plus parlant (colite, tendinite, arthrite…).

Vous êtes plus spécialisée dans l’ostéopathie chez la femme enceinte et le bébé, pouvez-vous nous en parler ?

En effet, je me suis formée à l’ostéopathie obstétricale et pédiatrique. Dans notre cursus scolaire (BAC+5ans ou 6ans), la femme enceinte et le bébé font partie des choses que l’on aborde. Mais j’ai tout de même poursuivi et perfectionné mes connaissances une fois diplômée. Ce sont des domaines qui me passionnent. C’est toujours un immense plaisir de recevoir une femme enceinte ou un bébé. C’est tellement efficace pour soulager certaines douleurs, et sans effet secondaire.

Pour ce qui concerne les intolérances, je vais plus particulièrement y penser lors d’une consultation avec un nourrisson. En ce qui concerne la femme, je ne pense pas que l’intolérance se déclenche particulièrement au moment de sa grossesse. Mais concernant le bébé, c’est une éventualité que l’on retrouve finalement assez souvent. Et le piège serait d’y penser que pour des bébés nourris au lait artificiel (qui est du lait de vache). Les bébés allaités peuvent aussi présenter des troubles digestifs provoqués par l’ingestion du lait maternel. Il ne faut surtout pas culpabiliser une mère allaitante mais lui conseiller de changer son alimentation pour voir s’il n’y a pas de répercussion sur le confort de son bébé. Souvent, le fait qu’elle diminue ou arrête son apport en produits contenant du lait de vache (yaourt, lait, fromage, crème, gruyère…) suffit à diminuer les coliques de son bébé.

Et en ce qui concerne les bébés au biberon, je conseille aux parents de se rapprocher de leur médecin pour en discuter ensemble.

Comment accompagnez-vous les femmes enceintes ?

L’ostéopathie accompagne la femme pendant sa grossesse pour aider son corps à s’adapter aux changements. Certaines femmes n’en nécessitent pas le besoin, d’autres plus. On est là pour les accompagner et s’adapter aux contraintes qu’elles subissent. On s’assure que le bassin bouge bien, que le dos soit souple, que l’utérus soit bien équilibré pour que la maman ne souffre pas et que le bébé puisse être contenu dans un environnement souple.

Je remercie chaleureusement Coralie Ferrières d’avoir répondu à mes questions. Comme elle dit si bien sur son site internet « Mes outils de travail sont mes mains, mon cerveau et mon cœur ». L’écoute est au centre de la consultation pour retrouver forme, équilibre et bien être.

Coralie Ferrieres Ostéopathe Avignon
Photo : Coralie Ferrières

Coralie Ferrières propose des consultations sur Avignon. Pour plus d’informations, consultez son site internet : www.coralieferrieres-osteopathe.fr


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